17/04/2023- Jean-Christophe Mifsud était aux côtés de Gaëlle Allehaux à la Cité de l’Espace à Toulouse pour l’enregistrement d’un épisode de DIX, le Podcast de l’impact par la French Tech Toulouse. Ce podcast mensuel met à l’honneur des responsables de Start-up inspirants, dans des lieux inspirants. Ces entrepreneurs viennent parler de leurs projets à impacts, des projets qui répondent aux objectifs de développement durable fixé par l’ONU.
Pour écouter la totalité du podcast, c’est par ici :
Jean-Christophe Mifsud, Président et CEO d’ELLONA, était mi-avril l’invité de ce podcast, pour expliquer notre engagement au cœur de l’ODD 11, l’un des 17 objectifs de Développement Durable de l’ONU, pour une ville et une communauté durables. Reportage devant l’un des lieux scientifiques les plus touristiques de Toulouse, La Cité de l’Espace.
Gaëlle Allehaux – « Nous sommes au pied de Ariane 5, à la Cité de L’Espace, un site que vous connaissez bien, parce que vous y avez installé des capteurs. Pouvez-vous présenter rapidement vos activités ? »
Jean-Christophe Mifsud – « Je suis chimiste de formation, neuro-chimiste, et depuis une trentaine d’année, je suis passionné par les sens humains, et la façon de pouvoir les mesurer. J’ai eu la chance de développer avec mes équipes des nez électroniques, des langues électroniques, de la peau électronique. Dans le contexte du changement climatique et de l’urgence environnementale, que ce soit en environnement intérieur ou extérieur, ELLONA développe des systèmes de mesures qui vont permettre par l’intermédiaire d’objets connectés de comprendre ce qui se passe dans l’environnement. Nous allons mesurer des gaz, des particules, de la vibration, de la lumière, etc. ».
GA – « Comment faites-vous cela concrètement ? »
JCM – « Je vous ai apporté aujourd’hui un petit objet connecté, mesurant 10 cm sur 10 cm et qui va pouvoir s’accrocher au plafond, se poser sur les bureaux, sur l’éclairage urbain, sur tous les mobiliers urbains, sur les abris de bus, etc., de façon à pouvoir mesurer tous les paramètres ambiants. ELLONA est vraiment née de 2 constats : le premier est que l’on ne peut améliorer son environnement que si on est capable de le mesurer. Et donc nous fournissons ces mesures. Et le deuxième constat est qu’il nous faut fournir de la donnée « actionnante », c’est-à-dire une capacité d’agir. C’est exactement ce que nous faisons. Nous n’allons pas seulement mesurer les gaz mais aussi les odeurs, pas seulement les particules mais aussi les allergènes, pas seulement le bruit mais aussi les sons…de façon à comprendre ce qui se passe et de pouvoir agir sur concrètement et le plus efficacement possible sur notre environnement ».
GA – « On imagine très bien qu’il soit important de recueillir toutes ces données, mais une fois recueillies qu’en faisons-nous ? »
JCM – « Ces données sont créées par des réseaux de capteurs. Par exemple ici, à Toulouse, sur le site de la Cité de l’Espace, nous en avons une vingtaine. Également sur la Halle aux Grains, au Mirail, autour de la Cité des Géants. Ces données vont remonter dans le cloud où nous pourrons effectuer une analyse en temps réel nous permettant d’agir : agir par exemple sur la filtration de l’air, à l’intérieur des bâtiments, agir sur l’éclairage public, sur les panneaux de signalisation en fonction de la pollution, sur les abris-bus lorsque nous détectons des insalubrités, etc. L’objectif est de pouvoir se connecter avec des systèmes de remédiation en temps réel et donc de pouvoir agir sur la santé publique, sur l’efficacité des procédés, etc. C’est notre métier ».
GA – « Nous avons parlé de la collecte, de l’exploitation des données. Qu’en est-il de leur conservation ? »
JMC – « C’est en effet un grand sujet avec toutes les règles RGPD et de cybersécurité qui sont au cœur de nos activités. Nous travaillons avec des serveurs sécurisés et nous gardons toute la confidentialité des données, des individus, des processus. Notre activité est totalement sécurisée ».
GA – « Depuis combien de temps êtes-vous spécialisés dans ce secteur ? »
JMC – « Pour ma part, cela fait une trentaine d’années. ELLONA a été créée en 2017. Nous construisons des banques de données de sons par exemple qui vont nous permettre de déterminer si les 100 décibels détectées sur la Place Esquirol concernent une Harley Davidson, un marteau piqueur, un accident de voiture, ou un coup de feu. En fonction de cela, la remédiation ne va pas du tout être la même. Nous développons une intelligence du signal sur les sons mais aussi sur les odeurs avec aujourd’hui 400 odeurs, dont une centaine de détergents. Nous contextualisons toutes les anomalies, les dysfonctionnements, grâce à ces banques de données et cela va nous permettre d’agir en temps réel ».
GA – « Quelles sont les applications sur le site de la Cité de L’Espace ? »
JCM – « La Cité de l’Espace, comme tout bâtiment accueillant du public, est consciente aujourd’hui des problématiques de salubrité chimique et virale. Et donc de la nécessité aujourd’hui de contrôler, de mesurer la qualité de l’air en temps réel qui est une des priorités de lieux tels que la Cité de l’Espace. Nous mesurons les gaz, les odeurs, les particules, les allergènes, le bruit, le niveau de lumière, etc., de façon à pouvoir aider le site à mieux opérer, à réduire son empreinte énergétique (pas besoin de ventiler s’il y a moins de personnes sur un temps donné). Nous aidons à améliorer la santé à court terme et à moyen terme ».
GA – « Comment apprenez-vous au capteur à reconnaître tout cela ? »
JCM – « C’est comme un bébé qui vient de naître. Il a un nez, des yeux, des oreilles, une intelligence, mais il n’a pas de banque de données. Nous allons donc être un peu ses parents, en lui expliquant que telle odeur est de la vanille, de la fraise, etc. Nous éduquons le système. Un certain nombre d’odeurs ou de sons sont déjà pré-appris mais il y en a un certain nombre qu’il devra apprendre. Nous mettons donc le système en apprentissage ».
GA – « A quel point êtes-vous acteur de l’ODD 11 ? »
JCM – « Nous sommes non seulement très proches du concept de ville durable mais aussi des autres objectifs constitutifs de l’Agenda 2030, comme l’économie d’énergie, la santé publique. Nous contribuons en effet aux composantes de l’ODD 11. Une ville durable est une ville qui va s’adapter à son usage. Aujourd’hui, les éléments de la ville, que ce soit les transports, l’énergie (éclairage, chauffage) sont fixés à des critères arbitraires comme l’éclairage de 6h15 à 21h. Nous proposons une capacité de mesures en temps réel qui va permettre à la ville de s’adapter à son usage et donc ainsi réduire son empreinte énergétique et donc carbone, avec la pollution associée. Et fournir ainsi aux habitants et aux citoyens qui y vivent, un environnement plus sain. C’est cela la ville durable. Nous jouons sur deux aspects : les éléments court terme, énergie et coûts associés et les éléments moyen terme, santé et engagement du citoyen dans son environnement ».
Un grand merci à Aurore Giovannini et Juliette Gabrieli de la French Tech Toulouse ainsi qu’à Jeanne-Marie Ayraud et Gaëlle Allehaux de Média Meeting.